Par Sandrine De Castro, Consultante rémunération, Matière Grise RH
Nous traversons actuellement la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19 et les entreprises du Québec continuent de faire face au jour le jour à des risques imprévus, en particulier aux spectres de la diminution voire de l’arrêt total de leurs activités. Cette situation complique grandement le processus de planification des révisions salariales de l’année à venir. Contrairement aux années précédentes, bon nombre d’organisations sont présentement dans le brouillard et n’ont pas encore pris de décision sur la question. Au-delà des prévisions salariales, il s’agira également d’analyser les impacts de la pandémie au sein de votre propre organisation afin de cibler vos leviers d’action selon vos besoins et vos ressources.
Les effets de la pandémie de la COVID-19 sur les prévisions salariales 2021
En raison de la pandémie de la COVID-19 et des incertitudes économiques liées à l’avenir qui en résultent, les employeurs au Québec sont prudents et ont tendance dans une certaine mesure à revoir à la baisse leur budget annuel d’augmentation salariale. Dans ce contexte, les gels salariaux (soit 0 % d’augmentation) devraient être également plus nombreux et les différences entre les secteurs plus marquées.
Les résultats ci-dessous sont basés sur les données de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) publiées en septembre 2020 dans le cadre du Rendez-vous Rémunération et élaborées à partir des enquêtes de six[1] cabinets-conseils en rémunération, menées auprès de plus 700 entreprises au Québec. Ces résultats permettent de prendre le pouls des organisations sur le sujet et sont à lire sous toutes réserves en raison du caractère évolutif de la situation et du degré élevé d’incertitude liée à l’avenir.
Prévisions d’augmentations salariales généralement en légère baisse comparativement à 2020
Malgré la contraction économique due à la pandémie de la COVID-19, les employeurs du Québec prévoient d’octroyer pour l’année 2021, tous emplois confondus, des augmentations salariales moyennes de l’ordre de 2,7 %, gels salariaux exclus. En incluant les gels salariaux, cette prévision est réduite à 2,4 %, soit à peine 0,3 point de pourcentage de moins qu’en 2020.
Prévisions d’ajustements des échelles salariales : plus de gels de salaires prévus en 2021
Les employeurs du Québec prévoient d’ajuster en moyenne, pour l’année 2021, tous emplois confondus, leurs structures salariales de l’ordre de 2,1 %, gels salariaux exclus. En incluant les gels salariaux, cette prévision est réduite à 1,6 %, soit un écart de 0,5 point de pourcentage avec les résultats sans gels. Pour les entreprises de moins de 100 employés, l’écart entre les prévisions d’ajustements des structures incluant et excluant les gels de salaire atteint 0,7 point de pourcentage.
Ces écarts sont plus marqués pour les prévisions salariales 2021 et reflètent la prudence des entreprises qui, face à un degré élevé d’incertitude liée à l’avenir due à la pandémie de la COVID-19, envisagent davantage de recourir à des gels salariaux en 2021, en particulier les entreprises de plus petites tailles. Toutefois, les prévisions pour ces dernières ont tendance à être plus généreuses que celles des plus grandes entreprises.
Prévisions plus variées entre les secteurs d’activité
L’impact de la pandémie sur les activités n’a pas été identique pour toutes les organisations. Certaines d’entre elles ont subi des baisses d’activités modérées, d’autres significatives (l’aérien, le tourisme, la restauration, les arts, etc.). Pour d’autres, l’activité s’est accrue, accentuant le besoin de main-d’œuvre et ainsi la pression sur les salaires pour celles déjà en pénurie.
Sans surprise, figurent en tête des secteurs gagnants les technologies de l’information et des communications (TIC) avec des hausses salariales prévues (incluant les gels) de l’ordre de 3,8 % au Québec, suivis des secteurs de la finance et des assurances ainsi que des services professionnels, scientifiques et techniques, de l’ordre de 2,6 %.
À l’inverse, les augmentations les plus faibles sont prévues pour les arts, spectacles et loisirs qui n’envisagent que 1,5 %. Les hausses prévues sont modérées pour les secteurs des ressources énergétiques et minières, du transport, et du commerce, de l’ordre de 2 %, à peine. De ce fait, il risque d’y avoir de fortes disparités d’augmentations entre secteurs pour un même emploi.
Pour conclure sur une note optimiste, en 2021, en dépit de la contraction économique due à la pandémie de la COVID-19, l’enveloppe budgétaire d’augmentation salariale semble à ce jour globalement maintenue, même si +/-modérée selon le degré d’impact de la pandémie sur les secteurs, comparativement à ces dernières années.
Les effets de la pandémie de la COVID-19 au sein de votre organisation : vos leviers d'action
Au-delà de la comparaison au marché et de l’évolution de l’inflation, il vous faut tenir compte de l’impact de la pandémie sur votre capacité financière et optimiser votre gestion salariale afin de continuer de façon pérenne à faire face aux défis continus d’attractivité et de rétention des talents.
Pour ce faire, vous pouvez, si ce n’est pas déjà fait, poursuivre vos efforts afin de vous munir d’une structure salariale compétitive, d’une matrice d’augmentation des salaires qui vous permet d’optimiser vos décisions d’augmentations en tenant compte tant de la performance que du gain en expérience/compétences de chacun de vos employés, d’un outil de gestion salariale qui vous permet de faire vos augmentations dans le respect de votre budget tout en vous offrant de la latitude pour récompenser le mérite ou valoriser le potentiel de vos employés et ainsi les inciter à poursuivre à vos côtés les efforts requis.
Vos leviers d’actions sont multiples. Au besoin, vous pouvez envisager de reporter vos augmentations, verser des primes ponctuelles pour vos employés clés ou s’il y a lieu, de partager vos profits en fonction de vos résultats pour l’année à venir, tout en vous assurant de bien le communiquer auprès de vos employés pour maintenir l’engagement de ces derniers.
Il vous est également possible d’agir sur les autres composantes de la rémunération globale que le salaire de base via notamment les avantages sociaux et les mesures de bien-être d’autant plus appréciées en ce moment (couverture santé, invalidité, jours de maladie payés, contribution retraite, soutien psychologique, soutien scolaire…) qui rassureront sûrement vos employés qui partagent la même incertitude que vous quant à leur santé financière.
Ou encore via des programmes de reconnaissance, de développement du leadership afin de renforcer la cohésion en cette période de perte de repères ou encore de développement des compétences de vos employés qui vous permettront de mettre à profit le temps dégagé par la baisse d’activité afin de développer les compétences qui vous sont nécessaires pour rebondir et assurer la croissance pérenne de vos activités dans l’avenir.
Car selon nous, il ne faut pas avoir peur de l’avenir, mais miser sur celui-ci pour en sortir gagnant.
C’est le choix que nous avons fait en mars dernier et que nous poursuivons aujourd’hui. Nous même en tant que firme conseil à taille humaine, nous vivons la même réalité, rencontrons les mêmes obstacles, devons faire des arbitrages et consacrons nos efforts pour faire mieux que la veille. Sachant que ce n’est pas simple, nous pouvons vous accompagner dans vos réflexions en ajoutant notre expertise afin que vous y voyiez plus clair ou encore à simplifier votre façon de faire afin d’être plus réactif aux moyens de solutions qui vous ressemblent et qui parlent à vos employés ainsi que de plans d’action qui vous conduisent là ou vous voulez aller en dépit des turbulences que nous traversons.
Ensemble gardons le cap !
[1] CGC-Talent, Morneau Shepell, Normandin Beaudry, PCI - Perrault Conseil, Saucier conseil inc. (Québec seulement) et Willis Towers Watson (Canada seulement)
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